Introduction
Un testament bien rédigé est essentiel pour garantir le respect de vos dernières volontés et la protection de vos proches après votre décès. Cette précaution est d'autant plus importante pour les propriétaires de biens en Thaïlande, en particulier ceux détenant des actions dans une société locale.
Les lois thaïlandaises sur la succession peuvent être complexes et peuvent ne pas toujours correspondre aux volontés du défunt. Il est donc important d'établir un testament valide pour garantir que vos biens seront répartis selon vos souhaits.
Points clés
- En Thaïlande, les lois sur l'héritage établissent un ordre précis de succession, accordant la priorité au conjoint et aux enfants.
- Sans testament valide, les étrangers risquent des complications successorales, notamment sur la propriété foncière et la reconnaissance des structures familiales non traditionnelles.
- Un testament thaïlandais peut être enregistré ou non, mais il doit respecter des exigences légales précises pour être valide.
- Les étrangers sont soumis à des restrictions sur l’héritage de certains biens, notamment les terres, et peuvent être tenus de vendre les biens hérités sous un an.
- En Thaïlande, l'impôt sur les successions concerne les biens d'une valeur supérieure à 100 millions de THB, avec des taux distincts selon que les héritiers sont des descendants directs ou d'autres bénéficiaires.
Comprendre la législation thaïlandaise en matière de succession
La législation thaïlandaise sur la succession est régie par le code civil et commercial, qui définit les règles de distribution des biens d'une personne décédée. En l'absence de testament valide, les règles de succession ab intestat déterminent l'ordre des héritiers légaux. L'article 1629 du code civil et commercial thaïlandais prévoit six catégories d'héritiers statutaires, classées par ordre de priorité :
- Descendants (enfants, petits-enfants, etc.)
- Parents
- Frères et sœurs de sang
- Frères et sœurs de sang-mêlé
- Grands-parents
- Oncles et tantes
L'article 1630 du code civil et commercial thaïlandais régit la répartition de l'héritage entre les héritiers de différentes catégories. Voici une analyse des deux principales dispositions :
Règle principale :La loi établit une hiérarchie des classes d'héritiers (définie à l'article 1629 et précédemment mentionnée). Lorsqu'une personne décède, la succession est d'abord attribuée à la classe d'héritiers la plus élevée (comme les enfants ou le conjoint), tant qu'il y a des héritiers éligibles dans cette catégorie. Si cette classe ne comporte aucun héritier, la succession passe à la classe suivante. Les héritiers des catégories inférieures ne reçoivent la succession que s'il n'y a pas d'héritiers dans les catégories supérieures. Par exemple, si le défunt a des enfants, les petits-enfants (une classe inférieure) n'hériteront que si les enfants sont décédés ou représentés.
Exception :Lorsqu'un descendant survivant (enfant ou petit-enfant) et au moins un parent du défunt sont en vie, une règle spécifique s'applique. Dans cette situation, les parents héritent aux côtés des descendants et reçoivent chacun une part égale à celle d'un enfant.
Le conjoint survivant est un héritier légal dont les droits varient en fonction des autres héritiers présents et de leur catégorie. Il est important de noter que le conjoint ne reçoit pas nécessairement l'intégralité de la succession, la loi prévoyant un partage équitable avec les enfants survivants.
Une fois les héritiers légaux identifiés, la répartition de la succession suit ces règles :
- En présence d'enfants survivants, le conjoint reçoit 50 % de la succession, le reste étant réparti entre les enfants.
- S'il n'y a pas de descendants, mais que les parents du défunt sont en vie, le conjoint hérite également de 50 %, l'autre moitié revenant aux parents.
- Si seuls des frères et sœurs ou des parents plus éloignés survivent, le conjoint peut recevoir une part plus importante.
À noter que si aucun héritier légal n'existe en Thaïlande, l'intégralité de la succession revient à l'État.

Quelles sont les conséquences de la législation thaïlandaise sur la succession pour les étrangers ?
L'absence de testament bien rédigé peut avoir un effet négatif important sur la distribution des biens du défunt. En l'absence de testament valide, les biens du défunt peuvent être soumis aux questions suivantes :
- Droits de succession : Les étrangers peuvent hériter de biens en Thaïlande en tant qu’héritiers légaux selon les règles de succession ab intestat. Toutefois, des restrictions s’appliquent à la propriété foncière :
- Un étranger ne peut pas posséder directement un terrain hérité d’un conjoint thaïlandais, sauf si des conditions légales spécifiques sont remplies. Il doit obtenir l’autorisation du ministre de l’Intérieur pour enregistrer la propriété foncière à son nom.
- Conflits potentiels : Les étrangers peuvent rencontrer des difficultés si leur structure familiale ne correspond pas aux règles de succession thaïlandaises. Par exemple, des complications peuvent survenir en cas d’enfants issus de relations différentes ou si le conjoint n’est pas légalement reconnu en Thaïlande, ce qui peut entraîner des litiges sur les droits de succession.
- Perte de contrôle : Sans testament, les étrangers n’ont pas la maîtrise de la répartition de leurs biens. Cela peut entraîner l’héritage par des proches non souhaités, tandis que des personnes chères, comme les enfants du conjoint ou les partenaires non mariés, risquent d’être totalement exclues en l’absence de reconnaissance légale en Thaïlande.
- Procédure d'homologation : En Thaïlande, la succession doit être homologuée, une démarche qui peut s’avérer complexe et chronophage si les volontés du défunt ne sont pas clairement établies. Cette procédure implique de prouver la qualité d’héritier et peut entraîner des retards dans la distribution des biens.
Rédiger un testament valide en Thaïlande
Bien qu’un testament rédigé à l’étranger puisse être reconnu en Thaïlande, il doit respecter certaines conditions pour être valide selon la loi thaïlandaise. Le code civil et commercial prévoit plusieurs formes de testaments légalement acceptées, notamment :
- Testament secret enregistré : Le testateur signe et scelle le testament avant de l’enregistrer auprès de la municipalité locale (Amphoe) en présence d’au moins deux témoins.
- Testament public enregistré : Le testateur exprime ses volontés à un fonctionnaire (Kromakarn Amphoe), qui enregistre le testament, signé par le testateur et les témoins.
- Testament privé non enregistré : Testament écrit en thaïlandais, daté et signé par le testateur en présence d’au moins deux témoins.
Quelle que soit la forme choisie, il est essentiel de s’assurer que le testament respecte les exigences du code civil et commercial pour éviter toute complication juridique.
Héritage de biens spécifiques
L'héritage de certains biens en Thaïlande peut entraîner des difficultés spécifiques, il est donc essentiel de bien comprendre les lois et réglementations en vigueur.
Appartement en copropriété
L'héritage d'un bien en copropriété ne donne pas automatiquement à l'héritier étranger le droit d'enregistrer la propriété. Celui-ci doit répondre aux conditions prévues par la loi sur les condominiums pour être propriétaire étranger. Si ces conditions ne sont pas remplies, l'héritier doit vendre l'unité dans un délai d'un an.
Terrains
Les étrangers n'ont généralement pas le droit de posséder des terres en Thaïlande, à l'exception de quelques cas spécifiques. Si un étranger hérite d'un terrain en tant qu'héritier légal, il doit obtenir l'autorisation du ministre de l'Intérieur pour en conserver la propriété. Si cette autorisation n'est pas demandée dans un délai raisonnable (généralement un an), le terrain peut être vendu par le département des terres.
Baux et locations
En Thaïlande, les contrats de location sont considérés comme des contrats personnels, ce qui signifie que le décès du preneur (locataire) entraîne généralement la résiliation du bail. Pour assurer le transfert des droits de bail aux héritiers, il est essentiel d'inclure une clause spécifique sur la succession dans le contrat de location.
Actions de l'entreprise
Si vous êtes un étranger en Thaïlande et que vous possédez une entreprise, il est nécessaire de rédiger un testament valide. En l'absence de testament, les actifs en Thaïlande, y compris la part d'une société détenue avec un conjoint ou partenaire thaïlandais, seront soumis aux lois de succession thaïlandaises en cas de décès. Dans ce cas, la part de l'entreprise pourrait être transférée à ses parents ou enfants.
Cette situation pose problème, car les héritiers légaux peuvent ne pas posséder les compétences ou l'expérience requises pour gérer l'entreprise de manière efficace, ce qui peut entraîner une mauvaise gestion ou des perturbations opérationnelles.
De plus, si les héritiers du défunt ne partagent pas les mêmes intérêts que le conjoint ou le partenaire survivant, des conflits et des litiges peuvent émerger concernant le contrôle de l'entreprise. Cela pourrait compromettre la continuité et la stabilité financière de l'entreprise, avec des conséquences sur les employés et les parties prenantes.
L'héritage des actions de contrôle d'une entreprise thaïlandaise peut être complexe, car ces actions ne sont pas automatiquement transférées aux héritiers d'un actionnaire décédé. La société doit procéder à l'enregistrement officiel du nouvel actionnaire, et les héritiers devront suivre les procédures internes de la société pour prendre le contrôle.
Administration de la succession et désignation d'un exécuteur testamentaire
Lorsqu'une personne décède en Thaïlande, sa succession doit être administrée et un exécuteur testamentaire doit être nommé pour superviser la distribution des biens. Ce processus peut être initié soit par les dispositions du testament du défunt, soit par les héritiers légaux ou le procureur général, si le testament est absent ou inefficace.
L'exécuteur testamentaire est responsable de l'inventaire de la succession, de la gestion des biens et de la distribution de l'héritage aux héritiers légaux. Le code civil et commercial précise les raisons pour lesquelles un exécuteur testamentaire peut être libéré de ses fonctions, notamment en cas de négligence de ses devoirs ou pour d'autres causes justifiées.
La Thaïlande applique-t-elle des impôts sur les successions ?
L'impôt sur les successions en Thaïlande, introduit en 2016, s'applique aux biens hérités d'une valeur supérieure à 100 millions de THB. Le taux d'imposition est de 5 % pour les ascendants et descendants, et de 10 % pour les autres héritiers. Les conjoints sont exonérés de cet impôt, et la valeur des dettes peut être déduite du montant imposable.
Comment la législation thaïlandaise traite-t-elle l'héritage des biens détenus en commun par un étranger et un citoyen thaïlandais ?
En Thaïlande, l'héritage des biens détenus conjointement par un étranger et un ressortissant thaïlandais est régi par des dispositions légales spécifiques concernant les droits de propriété et d'héritage des étrangers. Voici comment la législation thaïlandaise aborde ces situations :
Droits de location et de bail
Lorsque le locataire (étranger) décède, le contrat de bail prend généralement fin, sauf si des dispositions successorales spécifiques sont incluses dans le contrat. Les héritiers devront alors négocier de nouvelles conditions avec le propriétaire pour pouvoir continuer à occuper le bien.
Héritiers légaux en Thaïlande
Selon le droit thaïlandais, si un étranger décède sans testament, ses biens, y compris les biens communs, seront répartis selon les règles de succession ab intestat prévues par le code civil et commercial thaïlandais. Le conjoint survivant (s'il est thaïlandais) est reconnu comme héritier légal et a des droits sur les biens du défunt, y compris les biens communs.
Héritage foncier en Thaïlande
Les étrangers n'ont généralement pas le droit de posséder des terres en Thaïlande. Toutefois, ils peuvent hériter de terres en tant qu'héritiers légaux sous certaines conditions :
Un étranger marié à un ressortissant thaïlandais peut hériter d'un terrain de son conjoint, mais ne peut pas en enregistrer la propriété auprès du département des terres. S'il ne le fait pas, le directeur général du département des terres est autorisé à vendre le terrain en son nom.
Propriété d'appartement
Les étrangers peuvent hériter de condominiums en Thaïlande, à condition que leur part de propriété ne dépasse pas le quota légal de 49 % de la propriété totale autorisée pour les étrangers. En d'autres termes, si un étranger hérite d'un appartement, il doit s'assurer que le nombre total de propriétaires étrangers dans le complexe reste conforme à cette limite.
La Thaïlande reconnaît-elle les testaments étrangers ?
La validité d'un testament étranger en Thaïlande dépend de plusieurs facteurs, tels que les lois du pays d'origine du testament, les lois thaïlandaises et la situation du défunt au moment de son décès.
En principe, un testament étranger sera reconnu en Thaïlande s'il ne contredit pas la législation locale.
Il est conseillé à toute personne résidant en Thaïlande de rédiger un testament distinct dans le pays pour garantir que ses biens y soient répartis selon ses souhaits et conformément à la législation thaïlandaise. Cela permet également d'éviter d'éventuels conflits entre le testament étranger et la loi thaïlandaise.
Pour qu'un testament étranger soit reconnu en Thaïlande, les documents suivants doivent être complétés :
- La traduction : Le testament doit être traduit en thaïlandais par un traducteur agréé.
- Authentification : Le testament étranger peut devoir être authentifié par les autorités compétentes du pays où il a été rédigé et par les autorités thaïlandaises.
- Procédure d'homologation en Thaïlande : Le testament étranger doit être présenté aux tribunaux thaïlandais et obtenir une homologation, qui confirme la validité du testament et autorise l'exécuteur à suivre ses instructions.
Nos réflexions
La planification successorale en Thaïlande est capitale, et rédiger un testament complet constitue une étape essentielle pour garantir la gestion future de vos biens dans le pays. De nombreux étrangers ayant créé une entreprise y ont investi considérablement en temps, en énergie et en ressources pour en assurer le développement.
Une planification successorale adéquate en Thaïlande et un testament valide peuvent assurer la protection des intérêts de l'entreprise en cas de décès d'un actionnaire. Il est essentiel de comprendre l'impact potentiel de la loi sur les actionnaires et de prendre des mesures proactives pour garantir que vos souhaits soient respectés.
Clause de non-responsabilité
Ces informations sont fournies à des fins d'éducation générale uniquement et ne doivent pas être interprétées comme des conseils juridiques, fiscaux ou financiers.